Le sommet mondial pour l’IA est l’occasion pour tout un chacun de s’exprimer avec assurance sur les sujets d’intelligence artificielle, surtout quand on n’y connaît pas grand chose… d’ailleurs, c’est ce que je fais en ce moment, certes.
Ce n’est pas gênant et c’est même une excellente chose : nous sommes en démocratie et chacun a le droit de raconter n’importe quoi sans finir à la Bastille. Mais la contrepartie est qu’il faut accepter la critique, voire se couvrir de ridicule.
C’est mon principal point commun avec Luc Ferry, excusez du peu !

Luc Ferry et la détestation de l’informatique moderne
Dans Le Figaro du 30 janvier 2025, Luc Ferry s’attaque frontalement à l’Open Source avec des propos clairement méprisants pour les créateurs de l’IA générative Lucie, mise prématurément en avant par certains avant d’être retirée tout aussi vite.
Pourtant, les chercheurs et chercheuses ayant développé cette IA n’ont jamais prétendu qu’elle était mature. Parmi ses concepteurs, l’un d’eux, Christophe Cerisara, du laboratoire LORIA s’est exprimé très clairement à ce sujet: il s’agissait d’un projet expérimental. Qui dit expérience dit risque d’échec et acceptation de ce risque.
Et c’est là que l’arrogance de ce chroniqueur qu’est devenu Luc Ferry doit être signalée: ne prenant même pas le temps de contacter les concepteurs du projet il les inonde de ses sarcasmes.
Mais que connaît-il à l’intelligence artificielle, qui est si complexe, si riche qu’un avis péremptoire relève plus de l’incompétence que d’un véritable intérêt pour le sujet ?
Puis vient le tour de l’Open Source, devenu soudainement l’incarnation de tous les maux de la Terre, voire le moteur de l’apocalypse, « qui tournera vite à la catastrophe s’il n’est pas encadré ».
Monsieur Ferry, ça fait des décennies que l’Open Source existe et que les programmes dont certains sont absolument stratégiques, comme Linux.
Et surtout, si vous voulez être crédible et parler de choses que vous comprenez, prenez au moins le temps d’ouvrir un compte GitHub, et d’y déposer vos articles en Open Source.
Luc Ferry serait-il l’emblème du mercantilisme français ?
En fait, je nourris des doutes : sa chronique sur Le Figaro est évidemment payante. Avec ses défauts, ses limites et ses portes vers des services payants, l’Open Source est d’abord gratuit. Et c’est cette gratuité qui échappe à son entendement, comme à celui d’une grande part de nos décideurs.
Effectivement, ce qui est gratuit n’a pas de valeur et ne vaut donc rien.
En ce sens, Luc Ferry a totalement raison: combien de grandes entreprises, ETI, administrations exploitent le filon de l’Open Source sans même chercher à le promouvoir, à aider au financement de l’entretien de certaines de ses productions emblématiques ?
Les GAFAM ne s’y sont pas trompés : en finançant largement l’Open Source, ils assoient leur domination sur des millions de développeurs d’application et par rebond des milliards d’utilisateurs.
Il serait donc temps de se poser les bonnes questions sur l’Open Source. Les vraies questions… et pour Luc Ferry, de se créer un compte sur GitHub, pour comprendre enfin comment fonctionne l’Open Source.
Pas de doute, LF aurait dû s’en tenir à Kant sur lequel il a écrit un très intéressant ouvrage.
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Ah ça, mais ça ne permet pas de tenir une chronique 😉
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Merci Fabrice pour ce coup de gueule bien mérité sur les saillies de Luc Ferry. Les bibliothécaires, souvent de fervents libristes seront bien évidemment entièrement d’accord avec toi ! sa détestation de l’Open source n’étant hélas pas nouvelle…
Voici quelques références trouvées par Predicator, mon générateur IA préféré, (qui permettent juste de confirmer le constat car il existe bien d’autres sources, j’en suis sure) :
quelques sources où il a exprimé des opinions critiques sur ces sujets :
Encore merci d’avoir pris le temps de constater et d’étayer son manque de sérieux dans le domaine ! Ton professionnalisme et ta rigueur de thésard sur le sujet sont autant de gages de sérieux.
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